Jean Vigo et Jean Dewasne

Zéro de conduite vu par les élèves du lycée Jean VIGO

Publié le vendredi 18 décembre 2009 20:23 - Mis à jour le jeudi 16 mai 2013 13:28

Jean Vigo tenait à ce sujet car c’est un peu sa vie qu’il raconte. "Ce film, c’est tellement ma vie de gosse..." Louis Noumez lui laissa toute liberté pour ce court métrage en lui imposant cependant une limite dans les paramètres : 1 200 mètres. Les moyens financiers de Vigo ne lui permettaient de prendre que quatre acteurs professionnels. Les autres n’étaient que des amateurs. Les enfants, par exemple, furent choisis dans les quartiers de Paris. "Zéro de conduite" fut réalisé dans de brefs délais. La censure refusa son visa à un film qui bafouait les professeurs et l’autorité. Il fut seulement vu par le public des Ciné-Clubs et cette oeuvre influencée par Chaplin et Bunuel ne peut avoir avant la guerre une large audience. La censure ne sera levée qu’en 1945.
 
On a souvent reproché à ce film une absence de continuité. Il est vrai que faute de temps, Jean Vigo a été obligé de couper le scénario lors du tournage et a ainsi pris le parti de sacrifier la clarté du film pour garder essentiellement son esprit. En fait, la majorité des coupures n’empêchent pas vraiment une bonne compréhension de l’oeuvre, mais la rendent parfois moins claire. Cependant, elles ne masquent pas les vrais qualités d’un film qui traduit un cri d’enfant provoqué par les années de pensionnat et par une société injuste. "Zéro de conduite" exprime tout l’amour de Vigo pour la vie, la liberté, et sa révolte contre ceux qui les détruisent.

Il y a deux mondes dans "Zéro de conduite", celui des enfants, et celui des adultes. Pour les enfants, Vigo a pris ses modèles dans la réalité. Pour les grandes personnes, il n’a pas hésité à accentuer leurs traits, jusqu’à la caricature.

Maurice Jaubert, le plus grand musicien de film du cinéma français des années 30, signe avec la musique de "Zéro de conduite", comme plus tard avec celle de "L’Atalante", une de ses plus belles compositions. Par exemple, lors de la séquence du train ou de la révolte du dortoir, il montre qu’il a parfaitement compris ce que voulait exprimer Vigo. Maurice Jaubert a livré un de ses secrets de fabrication : le compositeur devait accompagner un défilé nocturne d’enfants en révolte - assez fantastique et tourné au ralenti -. Désirant utiliser une sonorité irréelle, une fois la musique composée, il la transcrivit à l’envers, la dernière mesure devenant la première, etc... On enregistrera le morceau sous cette forme qui ne rappelait que de très loin la musique originale. La révolte du dortoir est remarquable par sa musique comme par la symphonie de ses images où des enfants en chemise sautent au ralenti parmi les plumes volant hors des oreillers éventrés. La musique de Maurice Jaubert nous permet facilement d’oublier la discontinuité du récit.

L’ histoire racontée dans "Zéro de conduite"

C’est la rentrée scolaire ; dans le train qui les ramène au collège, deux internes, Caussat et Bruel, échangent leurs trouvailles de vacances. Sur le quai de la gare, ils retrouvent leurs camarades sous la surveillance de Parrain, dit "Pète-Sec" et d’Huguet, un nouveau surveillant qui paraît beaucoup moins sévère que "Pète-Sec".
 
Le soir, au dortoir, Santt le surveillant général vient faire un tour de ronde. Une fois la lumière éteinte, Colin, Caussat et Bruel laissent fuser quelques rires et se retrouvent au pied du lit de "Pète-Sec" pendant un bon moment, jusqu’à ce que Colin ait mal au ventre et qu’ainsi on leur permette de se recoucher. Le lendemain, le réveil est difficile pour Colin, Caussat et Bruel, qui se retrouvent consignés le dimanche. Durant la récréation, les trois garçons étudient leur plan de conspiration et Santt fouille les pupitres et vole des bonbons. Huguet surveille l’étude. S’apercevant que Santt a volé les bonbons, Caussat enduit les pupitres de colle en vue d’un prochain passage.

Le dimanche, les élèves partent en promenade avec Huguet qui salue une jolie jeune fille, suit un jupon et se trouve face à face avec un curé. Tout le monde rentre sous la pluie en ordre dispersé sous l’oeil du directeur et de Santt. Tabart et Bruel arrivent les derniers côte à côte et le directeur croit découvrir une amitié suspecte entre les deux garçons. Il prévient Tabart, mais ne réussit qu’à l’effrayer. Caussat va chez son correspondant.

Pendant le cours de sciences, le professeur se complaît à caresser la main de Tabart qui n’apprécie pas et finit par proclamer : "Je vous dit merde". Le conseil de discipline est prévenu et demande à Tabart de s’excuser, mais ce dernier, bien au contraire, répète tout haut sa phrase. C’est le signal de la révolte. Au dortoir, Tabart fait une proclamation et il y a une gigantesque bataille de polochons. A l’aube "Pète-Sec" est ficelé dans son lit. Le lendemain, a lieu la "petite fête" ; arrivent les autorités laïques et religieuses qui prennent place dans la cour. Les enfants révoltés les attaquent du haut du bâtiment. Les adultes s’enfuient, Colin, Bruel, Tabart et Caussat partent sur les toits vers quelle victoire ?

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